Les dits de la Huppe

echos des sept vallées

La religion n’est pas un indice de développement ethique ou spirituel

L’homme sur la voie de l’évolution, de l’expansion de conscience voit ses différentes capacités grandir, par entrainement et effort.
Le développement physique et vital est bien connu, le développement intellectuel et mental a considérablement augmenté et est devenu accessible au plus grand nombre depuis deux siècles.
Par contre le développement moral, éthique est en cours, et se révèle prédominant dans le grandissement actuel de l’humanité.

Les religions (chacune pouvant être réduite à deux ou trois valeurs essentielles correspondant aux cultures, ethnies, populations qui les ont vu naître) constituent l’aide extérieure pédagogique fournie à un individu/population en apprentissage de sa perception morale : la voie du cœur se révèle une ouverture au delà des mots, idées, concepts, …pour devenir une structure intérieure.

Comparons avec le corpus conceptuel de Lawrence Kolhberg, un des psychologues/pédagogues parmi les plus éminents du siècle:

Caractéristiques

1. Le développement moral est séquentiel, c’est-à-dire qu’il se développe par étapes successives qui ne peuvent être devancées.
2. Il est irréversible, sauf dans le cas de dégénérescences telles que la maladie d’Alzheimer, une fois l’un des stades acquis, une personne ne peut régresser à un stade antérieur.
3. Il est intégratif, une personne ayant acquis un stade supérieur étant à même de comprendre les raisonnements des individus ayant atteint les stades inférieurs, le contraire n’étant pas forcément vrai.
4. Il est transculturel, c’est-à-dire que dans toutes les cultures, le développement moral suit les mêmes étapes.
5. La stagnation est possible, tout le monde n’atteint pas nécessairement le stade suivant. Un adulte peut aisément avoir atteint le stade 1 sans jamais atteindre le prochain.
Niveau préconventionnel
Ce niveau se caractérise par l’égocentrisme, des règles exogènes et l’importance accordée à la punition et la récompense. C’est le niveau dans lequel se retrouve l’enfant, mais une personne peut demeurer dans ce niveau toute sa vie.
Stade 1 – Punition-récompense
Le bien, le bon, est relié à une autorité hors du moi. Le bien correspond à des actes qui sont récompensés et le mal, à des actes qui sont punis. En termes psychanalytiques, on pourrait considérer que le surmoi n’est pas encore intégré à ce stade. L’individu n’y considère pas encore l’intérêt des autres. La vertu importante de ce stade est l’obéissance.
Stade 2 – Instrumental
À ce stade, est bien ce qui satisfait ses besoins personnels et, accessoirement, celui des autres. L’individu y apprend la valeur du marchandage et du donnant-donnant. Les autres commencent à prendre de l’importance, mais l’individu demeure égocentrique.
Niveau conventionnel
L’altérité prend de l’importance. L’individu apprend à satisfaire des attentes. Le surmoi devient intériorisé. C’est le stade de l’adolescence, mais une grande partie des adultes y demeurent.
Stade 3 – Relations interpersonnelles
C’est le stade de la relation à l’autre. On y appelle le désir de l’autre, son attention, son appréciation. A ce stade, on a une perspective réduite des relations humaines et le bien correspond à l’approbation que le groupe peut nous apporter pour nos actes.
Stade 4 – Conscience morale
La société est vue comme un tout et ses normes comme des absolus. On y recherche l’ordre social et le bon fonctionnement. Le bien, dans ce cas-ci, est la loi et l’ordre et l’homme bon est un bon citoyen qui suit les règles de fonctionnement de la société. Ce peut aussi être les règles de la religion qui agissent comme guide pour l’action.
Niveau post-conventionnel
A ce niveau, l’individu se base sur une réflexion éthique, des valeurs morales et des principes qu’il juge valide. Les règles sont devenues endogènes. C’est le niveau auquel on peut habituellement s’attendre d’un adulte, bien que plusieurs n’atteignent pas ces stades et que seule une petite partie de la population atteigne le stade 6.
Stade 5 – Contrat social et droits individuels
L’individu passe de l’égoïsme à l’altruisme. Ses intérêts, bien qu’ils soient pris en compte, prennent moins de place que l’intérêt collectif. Le bien vient d’un équilibre entre les droits individuels et les droits collectifs. Les valeurs y guident l’action.
Stade 6 – Principes moraux universels
Le système moral de l’individu peut être compris comme un tout intégratif. La conscience morale y est pertinente, cohérente, globale et universelle, et repose dans une autonomie complète. La figure universelle qu’on pourrait prendre comme exemple d’une personne ayant atteint le stade 6 serait Gandhi.

On voit qu’en comparant ouverture de l’âme individuelle et destin collectif, la religion n’intervient comme guide ( ou contrainte) que jusqu’au niveau 4, et peut même devenir une gêne inhibant le développement ultérieur. Les règles deviennent alors intériorisées et inhérentes.

Une religion exigeant soumission et obéïssance pourrait aider des peuples en début phase de maturation ethique, mais constituera surement une entrave à toute avancée sur la voie de l’éveil : le vrai maître (comme le vrai parent) doit savoir s’effacer.

14 juin 2009 - Posted by | Pépiements, Religion, Valeurs |

Aucun commentaire pour l’instant.

Laisser un commentaire