Les dits de la Huppe

echos des sept vallées

A quoi servent les religions?

Le mot religion vient du latin « religare » qui veut dire “relier”, “unir”.
La religion est le cadre idéologique, culturel, sociologique, voire sensitif qui sous-tend toute société face à un inconnu. 

De cette religion découle les formes du droit et de la gouvernance, mise en place par les sociétés humaines, ainsi qu’une grande part de leur infrastructure. Sur un plan historique, la religion a été l’un des moteurs les plus puissants du changement d’attitude et de comportement de l’homme. Un des rôles essentiel de la religion, fût d’unir des peuples et des pays différents dans une même foi, faisant ainsi avancer les arts, la science et les consciences. Le message religieux, selon la racine du mot religion, serait un message d’unité, de lien, d’adhérence, en provenance de l’inconscient (tant personnel que collectif) ; seules les lois sociales et les coutumes auraient différé au cours des nécessités du temps.
Les religions ont été inventées quand l’humanité ne disposait pas de moyens pour assurer un ordre sociétal d’une part, quand les connaissances scientifiques ne pouvaient expliquer nombre de phénomènes naturels et des grandes problématiques de la vie ; cela entretenait une peur indicible face à l’inconnu au plus profond de la nature humaine.
Le fait religieux est ainsi venu pallier un vide, un laisser-aller, voire un laisser-faire :  un contrôle collectif était devenu nécessaire au regard des impératifs du contrat social, d’une société donnée. La religion est d’abord un outil politique, avant d’être un outil sacré.

La religion permet en effet d’assurer auprès de ses fidèles, une coercition efficace fondée non pas sur la raison, mais sur la peur, dans un but qui n’est pas a priori hostile. Il ne faut pas imaginer la religion, comme un complot destiné à brider la vie des individus. Il faut la concevoir comme le moyen de protéger ses fidèles dans une période où il n’y avait aucun autre moyen d’expliquer autrement que par une créature divine, le danger de certains comportements.
Par exemple, le Carême au Moyen-Âge survient à la période où les récoltes étaient le plus faibles, et il s’agissait pour l’église d’éviter les famines et de préserver la vie des sujets, sur le fondement de motifs sacrés. Il en va de même pour la religion musulmane, au sein de laquelle l’interdiction de manger du porc s’expliquait par l’absence de normes sanitaires, rendant cet animal extrêmement toxique pour quiconque voulant en manger certaines de ses parties.

Il fallait ainsi le justifier, non pas sur le fondement d’arguments rationnels (qui ne sont pas perçus par ces populations aux consciences archaïques), mais sur le fondement d’arguments sacrés pour leur donner une valeur dogmatique, et donc dangereuse en cas de transgressions.
Le respect de tels dogmes religieux vient d’abord de l’attitude des croyants eux-mêmes, et la culpabilité qui découle de leurs déviances, une affaire alimentée par leur propre conscience. Il n’y avait dès lors nul besoin de caméras, de micros, ou d’un attirail quelconque pour s’assurer que chacun respectait les commandements divins, il suffisait d’y croire pour craindre le courroux de son dieu, nonobstant sa religion.
Cependant (cf: la parabole de la cuisinière et de l’os à moelle1), de tels dogmes et « quasi-procédures » fondés pour une époque donnée, dans un lieu considéré, s’avèrent obsolètes et inappropriés en lieux et époques différentes : alors, seuls les conscience encore en enfance peuvent y ajouter foi et en procéder dans leur vie quotidienne. Faire un parallèle avec le concept de religion est dévastateur : certaines ne sont que des orthopraxies vides de sens…
Apparait alors le danger de l’enfant/adolescent ne maitrisant ni son corps émotif, ni son corpus mental qui voudra imposer au collectif ses propres limitations : nous y sommes…

De ce fait, l’apparition des religions (et leurs formes, concepts et variantes) s’explique par les impératifs politiques du contexte qui concourt à leur apparition. Le rôle social joué par les différents cultes a été le moteur de toutes les civilisations sans exceptions, que ce soit la civilisation athénienne à la civilisation indienne, sumérienne, européenne …
Chaque religion est d’ailleurs formée dans le terreau de son époque et de sa situation géographique. Les accointances entre religions, histoire, langues, patrimoines, sont réelles, et elles nous permettent de comprendre la religion comme un état de culture, et non comme un état de nature.
Il est intéressant d’étudier, dans ce cadre, les liens entre religions et développement technologique des sociétés : elles permettent de mettre en évidence comment la religion a changé au regard de l’apparition de la science, et comment son utilisation à des fins politiques permet d’assurer bien plus facilement l’ordre social d’une société quand elle est fondée sur un tel ordre moral.

Mais les valeurs spirituelles sont éternelles, les mots et la syntaxe ont varié, mais l’enseignement essentiel tourne autour du principe de base, à savoir que chacun doit traiter les autres comme il aimerait être traité lui-même, et que l’inconnu doit être affronté, donc connu, ou à minima, appréhendé. Chacun de ces moments historiques d’émergence de « se-disant » messagers ont été les bornes topologiques qui ont déclenché un nouvel élan spirituel, et stimulé la remise en cause personnelle et le progrès social.

  1. parabole de l’os à moelle
    L’histoire de devoir couper l’os à moelle pour qu’il rentre dans un four trop petit remonte à une époque où les cuisinières devaient faire preuve de créativité pour s’adapter aux contraintes de leur cuisine. Face à des fours de taille limitée, les cuisinières ont développé l’habitude de découper certaines pièces de viande, comme l’os à moelle, pour les adapter à la taille du four.
    Cette pratique est devenue une tradition culinaire transmise de génération en génération, où chaque cuisinière a sa propre méthode pour préparer et cuisiner les aliments en fonction des équipements disponibles. Ainsi, couper l’os à moelle pour le faire rentrer dans un four trop petit est devenu une astuce pratique et efficace pour garantir une cuisson optimale et savoureuse de ce met délicat.
    Cette habitude des cuisinières a perduré au fil du temps, témoignant de leur ingéniosité et de leur savoir-faire en cuisine. C’est une illustration de la façon dont les traditions culinaires se transmettent et s’adaptent aux contraintes du quotidien.
    Par contre le souvenir semble s’en être perdu, et la procédure de coupe est devenu un dogme culinaire incontournable que des générations de cuisinières se sont transmises, alors que les conditions initiales ont disparu (les fours sont bien plus grand dorénavant), et en rendent la nécessité obsolète. ↩︎

26 mars 2024 - Posted by | Anthropologie, Art, Politis, Religion, Spiritualités, Valeurs |

Aucun commentaire pour l’instant.

Laisser un commentaire