Les dits de la Huppe

echos des sept vallées

Le mal serait le déclencheur de l’éveil?

« Partout Le Mal est à l’œuvre, embusqué derrière les bons sentiments, poussé en avant par les ambitions, masqué derrière les mépris, gonflé par la greediness … Il s’enveloppe de souffrances, de pleurs et de sang : le monde gémit, il pleure – et lui, il rit.
Il rit aux éclats, tandis qu’éclate la souffrance de ceux qui n’ont rien et manquent, de ceux qui ont tout et veulent plus. De ceux qui ne savent pas et de ceux qui croient savoir.

“Le Mal danse sur la scène du monde. Pas une lande désolée, pas une cahute du désert, pas un quartier de ville populeuse où il ne danse. Recule-t-il quelque part, il revient par le flanc, par l’arrière, partout.
Il a su devenir la trame de la vie ordinaire. Il danse dans l‘univers, au sein d’innombrables galaxies comme au secret des chambres où se reproduisent les humains. Il organise le désir, la violence et le chaos, leur donne une cohérence dont il est seul à percevoir la beauté. Sur les décombres des idéaux dont se nourrissent les humains pour asseoir leurs pouvoirs, il danse avec légèreté, avec grâce, avec bonheur”

Il m’a fallu beaucoup d’années, d’erreurs et de maux, pour comprendre (d’abord) puis pour accepter (enfin) que derrière la souffrance, il y avait quelqu’un. Pas la fatalité, pas l’aveugle destin, pas l’anonyme malchance.
Non : quelqu’un.
La mémoire du monde écrite dans les civilisations anciennes lui a donné des noms : Satan chez les Juifs, Mara chez le Bouddha, le diable chez les chrétiens, Iblis pour le Coran… Mais c’est toujours le même.
Et s’il a un nom, forcément c’est quelqu’un.

Pour faire depuis si longtemps tant de mal, Le Mal possède des agences de par le monde. Et dans ces officines des employés nombreux, des suppôts de Satan dirait-on, beaucoup de personnel à son service. Des techniciens, des promoteurs, des suiveurs, des collabos, des qui s’excitent et des qui somnolent pour le laisser agir en paix. Sa paix à lui, qui est la ruine de toute paix.

Dans les civilisations dignes de ce nom – et les religions dignes également, on a vu au fil du temps surgir des hommes et des femmes qui s’opposaient au Mal -qui s’opposaient, parce que d’après ces vieux mythes religieux Le Mal est né en même temps que le monde. Donc, il était là avant ces résistants, ils l’ont trouvé bien en place en arrivant, ils sont partis au maquis et ils ont résisté. Chacun à sa façon, chacun là où il était né.
Le Mal faisait tant de bruit sur terre, il occupait tant d’espace, que ces résistants passaient inaperçus dans leur maquis. On les découvrait après leur mort, on les glorifiait alors comme pour s’excuser de ne pas les avoir assez remarqués de leur vivant.
En leur temps, la planète avait-elle entendu parler de Siddhârta l’Indien, de Confucius le Chinois (3), d’Élie et d’Osée les Juifs ? Du petit rabbi Galiléen insignifiant Jésus, quand il fut crucifié en l’an 30 ? À sa mort en 1859, qui s’intéressait au Curé d’Ars ? À la sienne en 1897, qui avait entendu parler de Thérèse de Lisieux ?
Personne, ou presque.
Leur célébrité, leur influence sont posthumes, mais elles sont immenses. Replacés dans le flot de l’Histoire humaine, ils laissent apercevoir une réalité peu visible au premier abord : le monde n’est pas soumis qu’au Mal. Il est aussi parcouru, depuis toujours et jusqu’à aujourd’hui, par un courant souterrain que Siddhârta appelait l’Éveil.

À côté du fleuve du Mal, large, impétueux, tonitruant, coule depuis toujours le discret ruisseau de l’Éveil. Presque secret mais persévérant, comme une petite flamme qui passerait de témoins à témoins. Les Éveillés ont frappé à nos portes “à bien des reprises et de bien des manières”. Grâce à eux, le monde apparaît (si l’on sait voir) comme parcouru par les forces de l’Éveil.

Des forces ? Non, puisque Le Mal semble toujours l’emporter au final. Mais des forces oui, puisqu’ils sont toujours là les Éveillés, obstinés à résister, à nous dire l’un après l’autre : “Tout n’est pas perdu, tout n’est pas nuit et brouillard. Lève les yeux, vois plus loin. Et regarde aussi en arrière les voies que nous avons tracées avant toi. Un sentier à côté de la grande route maléfique ? Oui certes, mais un sentier ininterrompu, un autre chemin que celui qui mène au désespoir”.

Ces Éveillés, on les appelle souvent les mystiques. Avec une nuance de mépris, comme s’ils étaient un peu fous. Et avec inquiétude, parce que la porte qu’ils ouvrent sur l’au-delà des apparences nous fait peur à franchir. Les apparences sont raisonnables, objets de sciences sérieuses, elles sont confortables. Tandis que les mystiques vont sur des chemins hasardeux, ce sont des pionniers, des défricheurs. Nous préférons l’asphalte aux jungles. Plutôt crever sur le bitume de nos tranquillités que de s’aventurer au grand air des Éveillés-mystiques. L’oxygène, ça fait tourner la tête.

Reste LA grande question, la seule : pourquoi y a-t-il du mal sur terre ? Pourquoi Le Mal continue-t-il à régner avec tant d’insolence ? Cette question, tous les philosophes, les théologiens, les penseurs se la sont posée. Je me la pose, et vous aussi peut-être. Pourquoi ‘’Dieu’’, quel qu’il soit, a-t-il laissé s’introduire ce fléau dans l’Histoire de l’humanité comme au plus intime de nos vies ? Je n’ai pas de réponse, et vous non plus. Blaise Cendrars disait :

Seigneur, rien n’a changé depuis que vous n’êtes plus Roi.
Le Mal s’est fait une béquille de votre Croix.

Serait-ce la réponse ? Peut-être. L’omniprésence du Mal est-elle nécessaire pour que, justement, des Éveillés s’éveillent, luttent, souffrent et meurent pour nous éveiller ?
Car il y a toujours des Éveillés sur terre. À cause de Twitter et de Facebook on ne les entend plus (“rien n’a changé”), mais ils sont là. On les célèbrera après leur mort – ou pas, c’est sans grande importance : ils sont la pincée de sel qui donne sa saveur à la soupe. Vous les croisez, sans le savoir. Et peut-être êtes-vous, sans le savoir, sur leur chemin d’Éveil ? »


Michel BENOIT

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14 mai 2018 - Posted by | Pépiements, Spiritualités |

Un commentaire »

  1. j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog récent ( lien sur pseudo) à bientôt.

    J’aime

    Commentaire par Mélina | 14 mai 2018 | Réponse


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