Les dits de la Huppe

echos des sept vallées

Le riad est la représentation du paradis

L’architecture traditionnelle des riads présente un plan carré avec une fontaine centrale, irriguant quatre quartiers de végétation (y trônent les quatre arbres sacrés). Un vrai riad se veut l’image du paradis et de son jardin d’Eden.

Selon l’Ancien Testament, le jardin d’Eden était traversé de quatre fleuves ayant tous la même source :

« Un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras. Le nom du premier est Pischon ; c’est celui qui entoure tout le pays de Havila, où se trouve l’or. L’or de ce pays est pur ; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d’onyx. Le nom du second fleuve est Guihon ; c’est celui qui entoure tout le pays de Cusch. Le nom du troisième est Hiddékel ; c’est celui qui coule à l’orient de l’Assyrie. Le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate. » Genèse 2

Le paradis (du persan pairi-daéza : “jardin clôturé”) désigne le lieu où les âmes jouissent de la paix et du bonheur éternel. Dans la tradition judéo-chrétienne, ce lieu est sur Terre : il est devant nous, autour de nous, en nous, pour peu que nous sachions le voir. Ce paradis correspond au Royaume de Dieu. Un royaume qui, selon Jésus, est « au-dedans de nous » : il faudra donc procéder à un changement en soi afin d’être en mesure de voir le paradis qui nous entoure et qui nous tend les bras.

Les murs ou clôtures du jardin séparent ceux qui sont à l’intérieur (ceux qui sont en mesure de voir la réalité, c’est-à-dire la beauté et la perfection du monde) de ceux qui sont à l’extérieur (les êtres non-conscients, non-éveillés ou illusionnés). Ces derniers sont à l’image d’Adam et Eve qui, en croquant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ont voulu posséder la connaissance pour eux-mêmes, par orgueil et curiosité malsaine. Ceux-là voient le bien et le mal partout.

Ceux qui se trouvent dans le jardin d’Eden se tiennent près de l’Arbre de Vie (qui trône au centre, voir Genèse 2, 9) et dont l’emplacement correspond aussi à la source des 4 fleuves. Cette tradition a été reprise, en étant édulcorée par l’islam à l’usage de ses populations plus frustres… Dans le Coran, le paradis est traversé de quatre fleuves d’abondance ne se tarissant jamais (eau, lait, vin, miel), et dont les usages sont plus sensuels : 

« Il y aura là des ruisseaux d’une eau jamais malodorante, et des ruisseaux d’un lait au goût inaltérable, et des ruisseaux d’un vin délicieux à boire, ainsi que des ruisseaux d’un miel purifié. Et il y a là, pour eux, des fruits de toutes sortes, ainsi qu’un pardon de la part de leur Seigneur. »

coran 47, 15

le jardin de Dar_Ba_Mohammed_Chergui à Fes

Les quatre fleuves du jardin d’Eden symbolisent l’ordre et la perfection qui coulent dans toute chose. Voir les quatre fleuves, c’est voir le paradis en tout, c’est prendre conscience. Ils irriguent la terre, ils la fécondent, la nourrissent, l’ordonnent. Ainsi, les fleuves d’Eden peuvent être vus comme l’Esprit qui nourrit et organise la matière, ou encore l’énergie qui ordonne le chaos.

L’ eau coule, la matière inerte s’anime, s’active, et finit par prendre conscience d’elle-même. L’eau symbolise la connaissance, lrégénérescence, la vie nouvelle, elle est signe de régénération spirituelle. Boire à la source, fontaine de vie éternelle, c’est se recentrer, c’est oublier son ancien moi et ouvrir son coeur.

Percevoir les quatre fleuves du jardin d’Eden, c’est réintégrer le paradis perdu.

un exemple : le Riad Toyour (dit riad des oiseaux) à Fes

8 juillet 2022 - Posted by | Politis

Aucun commentaire pour l’instant.

Laisser un commentaire